lundi 9 novembre 2009

François Fillon lance la reconquête des régions


En meeting près d'Angers, le premier ministre a appelé dimanche les partis de la majorité à l'unité dès le premier tour.

«Vive la France de François Fillon !» Évidemment dans les Pays de la Loire, les supporteurs du premier ministre ne manquent pas et n'hésitent pas à s'enthousiasmer jusqu'à la tribune d'un meeting. François Pinte, patron de la fédération UMP de Loire-Atlantique, s'enflamme : «Nous avons une responsabilité particulière parce que cette région est celle du premier ministre. Et quoi que vous fassiez, quoi que vous disiez, le score du 21 mars prochain sera forcément rattaché à son nom !»

À Andard, village de la banlieue d'Angers, un millier de militants s'étaient donné rendez-vous, dimanche, pour le lancement de la campagne de Christophe Béchu, tête de liste UMP dans les Pays de la Loire, dans l'ancien fief de François Fillon. Une région perdue, en 2004, à la surprise générale au profit du Parti socialiste. Six ans plus tard, l'enjeu est donc de taille. La région des Pays de la Loire fait partie des quatre ou cinq que le parti présidentiel espère reconquérir sur les vingt gérées par la gauche.


Étoile montante

Initialement, François Fillon avait confié cette mission de reconquête à son amie et ministre Roselyne Bachelot. Désignée par les militants, l'élue angevine a finalement renoncé, à la rentrée. Officiellement, elle a jeté l'éponge à la demande du président et du premier ministre à cause de l'épidémie de grippe A, qui nécessite, selon elle, une «vigilance de tous les instants». Officieusement, Roselyne Bachelot n'avait aucunement envie de quitter le gouvernement pour un poste de présidente du conseil régional. Ce que François Fillon a résumé avec le sourire : «Désolé, Roselyne, tu vas rester avec moi pour tenir la barre du bateau !»

Du coup, Roselyne Bachelot et François Fillon ont réservé compliments et encouragements pour la vedette du jour : Christophe Béchu. Étoile montante de l'UMP, souvent décrit comme un «bébé Fillon», ce jeune élu, 35 ans, a beaucoup hésité avant de se lancer. «Oui, c'est une élection dans laquelle je ne m'étais jamais projeté», a admis celui qui cumule déjà les mandats de président du conseil général et de député européen. S'il a rappelé qu'il ne pouvait pas refuser la proposition du président de la République et du premier ministre, il a averti : «Je ne suis pas candidat à contrecœur. Je ne suis pas candidat pour faire de la figuration. Je suis candidat pour gagner.» Christophe Béchu a ouvert sans attendre les hostilités contre le président socialiste sortant, Jacques Auxiette, dont il a fustigé la «politique de poudre aux yeux» et l'explosion de la fiscalité locale. Prudent, il a pris soin de se poser en «challenger» et pas en favori. Les résultats seront d'ailleurs examinés à la loupe par l'Élysée et Matignon.

À quatre mois et demi des régionales, Fillon a jugé que la « partie sera difficile » comme toutes «les élections intermédiaires». Mais les Pays de la Loire ne sont pas «condamnés», a-t-il dit, à «rester dans le giron de la gauche». Pour cela, le premier ministre a fixé une règle qui vaut, selon lui, pour toutes les régions : «Je réclame l'unité de la majorité présidentielle dès le premier tour. Tous ceux qui se reconnaissent dans ses valeurs doivent se serrer les coudes.»

Dans le même élan, le premier ministre a mis en garde «tous ceux qui prendraient le risque d'affaiblir» l'UMP. Voilà donc le Nouveau Centre d'Hervé Morin et le Parti démocrate chrétien de Christine Boutin prévenus. A fortiori dans l'ex-fief de Fillon, où les deux formations menacent de monter leurs listes. Le premier ministre a conclu son escapade ligérienne en défendant avec virulence le bilan de Nicolas Sarkozy. «La France d'aujourd'hui n'est déjà plus exactement la même que celle de 2007», s'est-il félicité. Avant de s'en prendre à la gauche, sous les applaudissements : «Être de l'UMP et de la majorité présidentielle, c'est être plus moderne et moins dogmatique qu'être de gauche.»

mardi 3 novembre 2009

Santé publique - Le "plan cancer" de Sarkozy : priorité à la prévention


"Je ne peux pas faire d'économies avec la vie des gens". Nicolas Sarkozy a présenté lundi à Marseille son plan Cancer 2. Avec, tout d'abord, ce chiffre : près de 750 millions d'euros seront débloqués pour la période 2009-2013 parce que la "lutte contre le cancer est devenue un enjeu majoritaire pour la France", parce que "depuis 2004, les cancers sont devenus la première cause de mortalité".

Voici les objectifs affichés et annoncés. Nicolas Sarkozy les a ainsi résumés : "mettre de l'argent pour chercher et trouver des solutions ; pour mieux considérer le personnel hospitalier ; pour mieux accompagner les malades; faire en sorte que tous ceux qui souffrent n'aient pas non plus à en souffrir dans le regard des autres".

- Améliorer la visibilité sur les cas de cancers
Nicolas Sarkozy a demandé à l'Institut de veille sanitaire de produire en 2010 des données plus récentes et de "meilleure qualité" sur les cancers en France, pour permettre une meilleure prévention. "Je ne suis pas satisfait", a-t-il dit. "Les Etats Unis publient des données d'incidence et de décès estimées pour 2009, la France s'en tient encore aujourd'hui à des données de 2005. C'est une erreur. Comment voulez-vous que notre action contre le cancer soit efficace si nous passons notre temps à regarder la réalité dans le rétroviseur ?"

- Etudier les risques environnementaux
"Je souhaite que 15% du budget de la recherche prévu par ce plan soit consacré à quelque chose qui est très important à mes yeux, qui est l'analyse des risques environnementaux et comportementaux", a déclaré le chef de l'Etat. Selon lui, il faut "étudier davantage les effets à long terme des expositions, même à faible dose, à certains agents chimiques, biologiques ou physique". "On n'a pas assez travaillé sur ces questions", a-t-il martelé, tout en se défendant de vouloir "affoler inutilement les Français". "Ça n'aurait aucun sens", a-t-il précisé, "mais il faut être attentif aux risques émergents, ce sont sans doute les risques de demain".

- Mieux dépister
Pour réduire les inégalités face à cette maladie qui devrait toucher 350.000 personnes en 2009 (+10% en quatre ans), il a promis l'installation de 74 machines supplémentaires d'imagerie par résonance magnétique nucléaire, "dont 39 dans les 10 régions ayant la mortalité pour cancer la plus élevée".

- "Construire l'excellence des soins de demain"
"Nous avons 5000 chercheurs en cancérologie. Au sein de cet ensemble, nous allons identifier les meilleurs structures, cinq sites de recherche pluridisciplinaire seront labellisés par l'Institut national du cancer", a déclaré le chef de l'Etat. Il a expliqué que ces cinq sites "travailleront en réseau avec d'autres équipes de recherche et d'autres établissements de santé. Ils seront un facteur d'émulation". Ces sites devront "contribuer de manière décisive à accélérer le transfert des avancées de la recherche au bénéfice des malades", a poursuivi Nicolas Sarkozy, en ajoutant qu'ils "seront encouragés à concourir au plan mondial à la réalisation d'essais cliniques précoces de nouveaux médicaments". Par ailleurs, le chef de l'Etat a dit souhaiter "que la participation des patients aux essais cliniques augmente de 50%".

- "20% de spécialistes de plus"
"Pour garantir la qualité des soins à l'avenir, à côté de la recherche, il faut anticiper l'évolution démographique de certaines professions. Les spécialistes impliqués dans la prise en charge des cancers, je pense aux oncologues, aux radiothérapeutes, aux hématologues qui sont aujourd'hui en nombre insuffisants", a déclaré le chef de l'Etat. "Un effort particulier de recrutement sera consenti en faveur des radiophysiciens", a-t-il poursuivi, en faisant allusion "au drame d'Epinal" où des patients avaient été irradiés. Il a souhaité ainsi "une centaine d'étudiants en plus dans les formations de radiophysiciens chaque année".

- Alcool : améliorer l'information des consommateurs
Nicolas Sarkozy a annoncé que "en 2011 la quantité d'alcool devra être indiquée sur chaque bouteille". Actuellement, c'est le degré d'alcool qui est inscrit sur les bouteilles. Le chef de l'Etat a ajouté que dans le "même temps, les centres venant en aide aux personnes en difficulté avec l'alcool verront leurs moyens renforcés".

- Tabac : des substituts mieux remboursés
Nicolas Sarkozy a reconnu lundi que la hausse de 6% du prix du tabac votée par l'Assemblée constituait "une forte progression", qu'il a justifiée, et a annoncé un remboursement des substituts nicotiniques de 150 euros en 2010 (contre 50 actuellement) pour les bénéficiaires de la CMU et les femmes enceintes. Mieux lutter contre l'usage du tabac, c'est aussi prévoir des avertissements visuels sur les paquets "atténuant l'image positive de la cigarette", et interdire la vente de tabac sur internet ainsi qu'aux mineurs, a-t-il ajouté.

- Améliorer la vie après le cancer
"Je n'accepterai pas que des patients ne puissent s'assurer et emprunter dans les meilleures conditions possibles", a déclaré le chef de l'Etat, qui a promis "d'élever la voix" contre "les assureurs et les établissements de crédit". Il a notamment demandé aux signataires de la Convention "s'assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé" (AERAS) de "renouveler celle-ci pour améliorer la couverture assurancielle et l'accès à l'emprunt des personnes qui sont sorties de la maladie". Signée par les pouvoirs publics, les fédérations professionnelles de la banque, de l'assurance et de la mutualité et les associations de malades et de consommateurs, cette convention, en vigueur depuis le 6 janvier 2007, vise à élargir l'accès à l'assurance et l'emprunt pour les personnes affrontant ou ayant affronté un problème de santé.